Les Cévennes, classées par l'UNESCO pour leur patrimoine économique et culturel, constituent aujourd'hui un massif forestier important jouant de nombreux rôles, notamment dans la lutte contre les effets du changement climatique ou l'érosion des sols.

D'abord cultivés pour leurs fruits, puis exploités pour leurs tanins, les châtaigniers sont devenus un emblème identitaire du territoire des Cévennes, lui-même devenu un lieu de villégiature, masquant la réalité de la situation. En effet, la châtaigneraie cévenole, morcelée en de nombreuses petites parcelles privées, est en voie de dépérissement avancé du fait d'un abandon massif de son exploitation. N'occupant plus comme autrefois de fonction de subsistance pour leurs propriétaires, la forêt subit un manque d'entretien favorisant le développement de maladies et l'installation de prédateurs comme le cynips.

Le phénomène de dépérissement est aussi accéléré par le changement climatique et le massif forestier pourrait disparaitre du paysage si une gestion durable de la forêt n'est pas entreprise rapidement pour répondre à cet enjeu environnemental de premier ordre. Dans cette perspective, une phase transitoire d'abattage massif et échelonné serait nécessaire.

En effet, plus de 50% du bois est déjà mort et sa qualité n'est plus suffisante pour une exploitation en bois d'œuvre ou bois de service. Sa valorisation au travers d'une filière de chimie « boisourcée » pourrait être une alternative intéressante. Conscientes des enjeux que représente le maintien de la forêt sur leur territoire, les parties prenantes locales ont sollicité les instituts de recherche pour trouver des solutions innovantes. Le projet MODESTINE faisait suite à un premier travail co-financé par l'ADEME, le Syndicat des Hautes Vallées Cévenoles (SHVC) et le Centre d'Essais et de Recherche Entente Valabre (CEREN), sous forme d'une thèse (2016-2019) en codirection entre l’INRAE et l’IMT Mines Alès, qui avait porté sur l'utilisation d'extraits de bois de châtaignier comme retardateurs de flamme (RF) pour les matériaux polymères.

Le projet MODESTINE était quant à lui centré sur le développement d'un process de fractionnement du bois de châtaignier à faible impact environnemental, facilement industrialisable et visant à valoriser toutes les fractions (composés phénoliques, hémicelluloses et cellulose).

L'étude technologique, qui mettait en œuvre l’extrusion bi-vis comme méthode d’extraction en continu des molécules d’intérêt des bois morts de châtaignier, a été associée à une analyse économique des marchés visés (retardants/RFs, prébiotiques, cosmétiques, panneaux de fibres, isolants thermiques) pour aboutir à la construction de la chaine de valeur. Un diagnostic socio-économique a également permis l'identification des freins éventuels au développement d'une filière « chimie boisourcée ».

Présentation du projet sur le site de AGIR.